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Centre Luigi di Sarro, 2013 Pietrantonio nato a Ischitella sul Gargano e presente a Roma sin dagli anni Settanta, dal 1980 vive e lavora a Parigi dove conduce una intensa attività espositiva e di ricerca. Lo abbiamo incontrato per conoscere meglio il suo lavoro. M.R.: Osservando le sue opere esposte al Centro di Sarro nella mostra Vacatio, si nota immediatamente un’evoluzione della sua ricerca estetica. Da cosa è partito e dove sta andando il suo lavoro? P.: Sono stato attratto da questo medium, quello della fotografia, all’inizio degli anni Settanta. Ho sempre pensato che con la fotografia, l’arte può raggiungere l’apice attraverso l’immediatezza. Allo stesso modo del pensiero! Man mano che le esperienze si sono susseguite, mi sono accorto che non solo l’immediatezza era folgorante ma anche la lentezza che ho trovato per esempio lavorando con la stenopeica. Con i cammei che ho esposto al Centro Luigi Di Sarro, sono arrivato ad un punto d’incontro di queste due esperienze, l’immediatezza e la lentezza del processo creativo. Un risultato di queste due esperienze estreme. Ciò non significa che i cammei sono un punto d’arrivo ma semplicemente un incontro su una traiettoria sperimentale molto legata al medium fotografico. In ogni immagine fotografica, cerco il confutare dell’apparenza, l’incontrario del contrario. Un immagine intima e segreta, poco visibile come il cammeo, si è trasformata in un apparizione stellare, quasi sacrale. Una trasformazione dovuta alla riflessione degli specchi. Parallelamente, lavoro sulla diluizione di strati che compongono l’immagine fotografica con speciali procedimenti chimici-alchemici con tempi lentissimi (da una settimana a qualche mese). Cosi facendo, si genera il sospetto della presenza-assenza e presenza-separazione. Sospetto dovuto al processo della diluizione. M.R.: I suoi Cammei nella sala principale rapiscono lo sguardo dello spettatore quasi ipnoticamente. Può raccontarci come nascono queste sue recenti fotografie e qual è il significato ad esse sotteso che le lega al tema della Vacatio? P.: Definisco queste immagini dei cammei come ‘immagini sospette’. Ogni cammeo è un’escavazione di un’immagine in un corpo pieno, posizionato davanti ad una fonte luminosa e fotografato attraverso specchi di epoca differente. In questo caso l'assenza diventa presenza-in-certa, sospetta. I miei cammei esposti al Centro Luigi di Sarro, visti come vacatio post-coïtum si legano al tema della Vacatio, come vanità e vacuità, lacuna e riempimento. Un’icona pagana dall’apparenza sacrale. Il satiro del cammeo troverà un’altra identità? danzerà un ballo arcaico dionisiaco? È tutto da rinegoziare in questo nuovo mondo, privo di certezze. D’altronde il luogo dove sono esposti, evoca una grande ‘vacatio’ che l’artista Luigi Di Sarro, con la sua di sparizione prematura, ha lasciato. Vacatio come vuoto, lacuna. Però, grazie al lavoro del Centro, questa lacuna si sta colmando attraverso la conoscenza della sua opera. Riempimento.(...) Paris 2008 Pietrantonio est un artiste non catalogable dans la cartographie des mouvements, tendances, langages, codes, avec les paramètres habituels. Il faut ici sortir des schémas usuels de la critique et aller à la rencontre de cet artiste peu habituel, qui nous surprend sans cesse au gré de ses oeuvres et événements, toujours soucieux et capable de rester loin de toute homologation. On est ici face au parcours complexe d’un artiste, qui reste volontairement aux marges d’un système extrêmement contrôlé et prévisible. L’art, entendu comme processus continuel de resémantisation du monde, comme mode de connaissance du continuel devenir de l’être et des choses, de la nature changeante des réalités externes et des mouvements intérieurs, est le principe d’inspiration de Pietrantonio, pour lequel ses premières expériences au théâtre ont certainement constitué un excellent apprentissage pour l’acquisition de cette posture intérieure. L’un de ses premiers travaux sur le corps, commencé dans les années ’70 et toujours ouvert, in progress, est emblématique de cette posture : le rite de la coupe semestrielle des cheveux et l’observation des changements produits par le temps sur leur couleur est une sorte de pratique méditative qui a comme objet la thématique de l’identité. Au cours des ans, Pietrantonio a choisi pour signer son travail des noms différents, il a choisi parfois son nom de baptême, parfois son nom enregistré à l’état civil, défiant avec ce petit jeu continuel sur l’identité les codes dominants du système et du marché de l’art. Une identité disloquée si l’on veut, dis-locata, entre différents loci, ces différents lieux géographiques que sont Ischitella sur le Mont Gargano, Rome, Paris, mais aussi entre différentes langues et différentes cultures, de quoi en somme créer les conditions de possibilité d’un travail dans lequel le changement et la rupture peuvent être lus, non comme des signes de la perte ou de la discontinuité, mais comme des potentialités à libérer. Dans la série du début des années ’80 Lille-Paris, Bordeaux-Paris, la juxtaposition des multiples signatures, timbres et écritures apposés sur les sacs postaux en toile de jute et le carton d’emballage créent une sorte de circulation entre les acteurs qui sont intervenus aux différents moments de l’envoi de la marchandise, et créée un processus qui dissout les rôles habituellement affectés et invariables. Une expérience analogue, qui interroge la possibilité de changer de point de vue perceptif, est celle de Mai Mia (à la fin de ces mêmes années ’80), où l’artiste intervient sur une carte postale en recouvrant partiellement avec une bande de couleur l’image touristique d’une femme nue sur la plage. L’image, hybridée par les majuscules du titre et la scansion géométrique de l’intervention du peintre, dilate l’ancien territoire exigu et son autoréférentialité compulsive et l’ouvre à la liberté nouvelle d’un espace poétique. Dans un travail successif, Pietro Giannone riabilitato, oeuvre-événement de 1994, Pietrantonio met face à face la photographie du buste du grand penseur des lumières italiennes, modèle de la liberté intellectuelle condamnée par l’Église, au buste original, lieu de mémoire placé au centre de la place du bourg italien d’Ischitella. À travers le regard des passants qui se meuvent incrédules dans un aller-retour répété de la statue à la reproduction où est annoncée la réhabilitation de Pietro Giannone, l’artiste explore le panorama complexe généré par une relation dynamique et fixe un échec, mettant en scène l’absence de toute synthèse. La conscience que le flux de la vie est plus fort que toute codification formelle ou linguistique est aussi la trame de fond de ces travaux, où viennent s’unir ses réflexions sur la relativité du monde phénoménal, de l’identité et de l’écriture. Certaines oeuvres, où l’usage du texte semble vouloir nous emporter dans la solution d’une énigme, par le lien incessant noué d’une lettre à l’autre, nous ouvrent en réalité à un espace intermédiaire, nous fait pénétrer dans une pause interstitielle où vient mûrir une nouvelle prise de conscience. Et c’est dans le silence de ce seuil, dans la suspension de cet instant, que s’inscrivent les oeuvres, comme déliées de la matière, elles semblent vouloir créer les conditions de possibilité d’une sortie de l’espace-temps. Made in Islam et Maschera con profilo pourraient se définir comme des plans de coupe géologique réalisés dans un contexte de corrosion extrême des barrières identitaires, de la solidité des je, de l’appartenance territoriale et des frontières géographiques et religieuses. Piranhas, video-opéra de 2004, nous met face à un flux continu d’images où viennent se dissoudre mémoires, visages, malheurs et misères de l’histoire et de la chronique, dans l’agrégat sonore d’expérimentations électroacoustiques, pour une perpétuelle apparition et disparition d’oeuvres et d’événements. D’autres pièces récentes prennent encore vie de l’immatériel univers des sons et de la musique, où les variations microtonales suivent les oscillations d’un espace intermédiaire, d’un entre-deux, où se créent des passages dans les rets épais de la ritualité quotidienne et de la cartographie traditionnelle, pour un territoire qui échappe à la verbalisation mentale et à la conceptualisation permanente du déjà vu. C’est dans cet itinéraire qui accueille autant qu’il lui est possible l’idée de l’être en devenir, la fluidité et le changement que prennent place les oeuvres présentées ici. Ces travaux, où les nouvelles technologies s’entremêlent avec les matériaux traditionnels, sont l’aboutissement d’une mise en cause continuelle de la tendance à solidifier les émotions, les idées, les interprétations, à vouloir inscrire dans la forme de l’objet artistique la réponse, et chercher à la rendre définitive. C’est là un exercice difficile, de retour permanent vers un centre d’équilibre dynamique. Poupée, Luna quadrata, MetaOrientale, sont des oeuvres dotées d’une grande force d’ouverture. On y retrouve la thématique du masque, où se dissout l’illusoire stabilité d’une identité univoque. Che prega, le filet métallique où est peint le visage de Che Guevara, sujet et victime de l’histoire, devient le masque qui cache le visage de l’artiste recueilli en prière. Dans Burka, deux nus féminins viennent nous mettre mal à l’aise, par la liberté opprimée et l’agressivité qu’ils dégagent : un jeu de dévoilement et de masque qui met en scène une sorte d’esthétisation du mal, joue avec les mythes de la culture du corps et de l’industrie du fitness, entremêlés aux autres types de pression psychologique et sociale. Images en papier glacé tirées de revues de mode, de panneaux de la route ou de réclames publicitaires, détournées de leur destination d’origine et insérées dans un contexte autre, perdant leur sens, et alimentant malgré elles un processus précis de détournement. Plantes de cactus, vêtements usés, objets trouvés et autres trouvailles de flâneur métropolitain sont ici manipulés, recomposés et entremêlés de fragments narratifs et autobiographiques, dans un continuel devenir. Catalogue de l'exposition, 2008 Emma Ercoli Traduction de l’italien par Dora d’Errico Roma 2006 ` ` QUI EST CESARE BATTISTI ? OU LE VOL DE LA FIGURE DE PIETRANTONIO « Criminel odieux », « assassin », « tueur »... Cet homme qui n’est pas moi porte mon nom dans les journaux, partout. Cet homme, ce meurtrier, je ne le connais pas ». Cesare Battisti, mars 2004. Baptiser une rue du nom de Cesare Battisti interroge spectaculairement la question de l’identité et son processus de construction. Cette plaque veut mettre à nu dans la fabrication des identités les falsifications politiques et historiques qui détournent les individus pour en faire des personnages ou des figures : héros ou boucs émissaires. Cette plaque oblige celui qui la regarde, celui qui cherche à s’orienter sur les voies de la Cité, à se demander, mais « Qui est véritablement Cesare Battisti? ». Qui est celui dont on parle sans trêve depuis six mois dans toute la presse internationale? Car sur la plaque est en effet gravé ce nom qui semble être le sien, mais qui, devenu celui d’un personnage, n’est déjà plus le sien. Et qui de plus, fut le nom d’un autre, un autre Cesare Battisti, un homme fêté en héros de la patrie italienne, une gloire nationale qui dans chaque village de la péninsule possède encore fièrement sa rue Cesare Battisti. La création aujourd’hui de cette nouvelle plaque mime le processus de fabrication des identités politiques et historiques pour en dénoncer les falsifications et les bricolages. Progressivement Cesare Battisti est devenu Cesare Battisti, une figure qui ne s’appartient plus, mais qui renvoie à des enjeux politiques, aux logiques d’une Raison historique qui cherche à se légitimer. Lui offrir une rue à son nom, c’est lui donner la chance de redevenir lui-même dans et par le regard du passant-spectateur, la chance d’échapper à la Raison d’Etat qui broie ses pions une fois qu’elle les a transformés et défigurés. Catalogue de l'exposition, 9 janvier 2007 Dora d’Errico Galerie de FRANCE, Paris, 1993 Chapeau ! Pour la Galerie de France, qui prend le risque de libérer son espace à un album venu d'ailleurs, ou plutôt, au retour d'un vent, déposant sur son passage des scories et des perles de vérité qui n'ont pas fini d'être analysées. (...) Mais si la Galerie de France libère son espace, Out of nowhere dévoile sur les cimaises de ce lieu (comme pour enchâsser ce nulle-part) plusieurs de ses "travaux-d'Amour"... Catherine Cazalé s'est saisie d'une citation de G. Deleuze, qui résume trés bien l'analyse qu'elle a faite sur l'installation (réflexion sur le sida) de Pietrantonio: -Oui le mourir s'engendre dans nos corps, il se produit dans nos corps, mais il arrive du dehors singulièrement incorporel, et fondant sur nous comme la bataille qui survole les combattants, et comme l'oiseau qui survole la bataille". Moi je me contenterai de l'entrapercevoir «Out of nowhere » Pour Pietrantonio, c'est choisir pour ses interventions d'autres -objets" et «espaces ». C'est choisir une dimension vaste et provisoire d'où il préfère: l'hétérogénoité et la dispersion à l'homogénéité et l'hégémonie. Ceci pour exerciser tout art de sa prison: pour le prisonnier, se soustraire à l'ordre préetabli de qui le dirigent et l'étouffent... C'est se préserver un espace imaginaire, futur ou passé, la dernière des choses dont l'annihilation ne se consume pas dans le spectacle... 'Je voudrais que ce soit comme un miroir... enfin, que cela reflète ce qu'il y a dedans-. (l'album). LE CARRÉ SAINT VINCENT, Galerie Contemporaine, 1993
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